Vous vous rappelez sans doute l'attitude réjouie de Philippe Douste Blazy quand il présentait "sa réforme" au JT de TF1 face à PPDA. Il avait par instants, cette attitude volontairement grave (on connaît ses talents de Comediante) en affirmant que c'était la réforme de la dernière chance et que cela allait sauver la Sécu, notre Sécu ! Il s'agissait de la loi du 13 Août 2004 !
Seuls quelques uns en avaient mesuré les effets pervers, les incohérences et les inconséquences.
Au travers du montage de cette loi, un dispositif est passé inaperçu. En effet, en juillet avant même le vote de la loi, l'UNCAM était créée et son directeur (Frédéric Van Roeckenghem, ancien dircab de PDB) nommé en conseil des ministres. Le 17 janvier 2005 une convention médicale était signée sans véritable concertation et devant s'intégrer dans le cadre de la loi. Je rappelle cela car c'est très important. Avant 2004 des négociations avaient lieu entre la CNAM-TS et les organisations représentatives des médecins pour élaborer la Convention Nationale des Médecins (texte régissant les rapports entre les médecins et l'assurance maladie). Il n’y avait validation législative qu’après ! Depuis 2004 tout est fixé d’avance et il ne sert vraiment plus à rien d’aller négocier. C’est ce qu’on appelle l’esprit de concertation de l’UMP !
Nous étions quelques uns à avoir dénoncé cette mascarade et avions même foulé le pavé parisien lors d’une grande manifestation de Montparnasse à l’avenue de Ségur (siège du ministère de la santé) le 31 janvier 2005.
Ce que nous disions à l’époque, ce que nous dénoncions est aujourd’hui à portée de vue et de nez de tous les assurés sociaux.
Cette réforme présentée comme celle de la dernière chance n’a jamais permis l’équilibre des comptes.
Le parcours de soins au travers de cette espèce de médecin traitant obligé provoque bien des déconvenues et des interrogations.
La volonté de ce gouvernement est soi-disant de provoquer une responsabilisation des usagers du système de soins.
C’est ainsi qu’insidieusement il a été mis en place l’euro symbolique de responsabilisation sur chaque acte de soins ! Il s’agit en fait d’une taxe dont le montant peut être augmenté sans discussion, Il s’agit d’une taxe qui ne peut être pris en charge par les mutuelles (interdiction précisée dans le texte).
Au travers de cette interdiction de prise en charge par les mutuelles (assurance maladie complémentaire – AMC), il est clair qu’une niche a été ouverte.
Je prétends que volontairement le gouvernement UMP (Raffarin à l’époque) a permis aux assurances privées de s’engouffrer dans cette brèche et profiter du gâteau de la santé. Cela correspondait d’ailleurs aux propos du candidat Balladur en 95 qui affirmait qu’il fallait désormais que chaque français à côté de l’assurance maladie obligatoire, l’assurance maladie complémentaire, souscrive une assurance maladie supplémentaire.
Cette loi de 2004 a permis cela.
Cette loi a ainsi modifié considérablement l’architecture de la prise en charge de la maladie et de la souffrance.
C’est ainsi, même si le comédien Douste Blazy jurait ses grands dieux qu’il ne pourrait y avoir d’autres mesures « symboliques » en dehors de cette taxe de 1 euro par acte médical !
On a vu que par la suite s’est mise en place une franchise de 18 euros sur chaque acte dépassant 90 euros.
Mais cela ne suffit pas !
Il est prévu la mise en place d’une franchise dont le montant oscillerait entre 75 et 100 euros et par an à charge du patient.
En fait, 4 franchises seront mises en place : une franchise sur les consultations, une franchise sur la biologie, une franchise sur les médicaments et une franchise sur l’hospitalisation.
Cela est proprement scandaleux, injuste et inéquitable.
Cela était dans le programme du candidat Sarkozy, mais pour en comprendre la perversion il fallait lire entre les lignes. Certains ont tiré la sonnette d’alarme et je vous engage à aller signer la pétition qui est en cours.
Roselyne Bachelot, le nouveau ministre de la Santé affirme avec sa gravité habituelle, que cet « outil » est un moyen de responsabilisation des assurés !
Nous y voilà ! Il s’agit de responsabiliser, responsabiliser encore, responsabiliser toujours!
Est-ce à dire qu’un malade, qu’un être souffrant est irresponsable ?
Est-ce à dire qu’il faut être responsable financièrement de sa maladie ?
Faudra-t-il bientôt dire à cet Etat UMP et leurs affidés « Pardonnez moi d’être malade et de vouloir me soigner» ?
Mais encore, pour calmer le débat naissant quant à l’inégalité d’accès aux soins, Roselyne Bachelot et François Fillon évoquent les nécessaires prises en compte des plus démunis au travers d’exonération. Cela a suffi à calmer Martin Hirsch.
Mais quand même, qui va payer ?
Ceux qui chaque jour se lèvent tôt et qui font partie de cette classe moyenne et qui ne cessent de payer pour les autres sans garantie d’en profiter eux-mêmes et qui se retrouvent pour nombre dans un état d’équilibre instable ?
Je sais que seul François Bayrou dans sa campagne présidentielle a mis au cœur de sa réflexion et de son projet d’espoir, cette classe moyenne, celle qui ne peut que contribuer sans espoir de retour.
Il est clair que les actions du gouvernement actuel ne feront que rendre encore plus instable l’équilibre de cette classe moyenne.
Un sondage indique que 61 % des français sont opposés à cette franchise.
Il va falloir se battre. Il faut qu’on dise haut, clair et fort, à ce gouvernement que l’on ne pourra permettre le retour à l’équilibre des comptes de la Sécurité Sociale qu’en procédant à une réforme structurelle sur l’organisation de notre système de soins, définissant le rôle et les missions de chacun des acteurs de santé, mettant en place l’articulation indispensable entre le secteur hospitalier et la médecine de ville.
Cette réforme doit mettre au cœur du système le patient et non les structures de soins pour que soit abordée la notion de la Santé dans sa globalité et non la simple maladie. Cela pourra permettre la mise en place d’une politique ambitieuse de prévention.
Un débat sincère doit avoir lieu dans notre pays. Nous en sommes conscients et nous y sommes prêts !
Pour le permettre il est capital que nos candidats, ceux qui se présentent sous l’étiquette MoDem, soient en grand nombre à l’Assemblée Nationale.