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PrÉSentation

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9 mai 2007 3 09 /05 /mai /2007 09:11

Aujourd'hui 9 mai, c'est la journée de l'Europe !

Dois-je être surpris de tant d'indifférence ?

La Déclaration du 9 mai 1950
Voici le texte intégral de la proposition, lancée par Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, et considéré comme l'acte de naissance de l'Union européenne.

"La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre.

L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.
Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l'action sur un point limité mais décisif.

Le gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe. 
La mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.

La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. L'établissement de cette unité puissante de production ouverte à tous les pays qui voudront y participer, aboutissant à fournir à tous les pays qu'elle rassemblera les éléments fondamentaux de la production industrielle aux mêmes conditions, jettera les fondements réels de leur unification économique.

Cette production sera offerte à l'ensemble du monde sans distinction ni exclusion, pour contribuer au relèvement du niveau de vie et au développement des oeuvres de paix. L'Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain.

Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d'intérêts indispensable à l'établissement d'une communauté économique qui introduit le ferment d'une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes.

Par la mise en commun de productions de base et l'institution d'une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l'Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix.

Pour poursuivre la réalisation des objectifs ainsi définis, le gouvernement français est prêt à ouvrir des négociations sur les bases suivantes.

La mission impartie à la Haute Autorité commune sera d'assurer dans les délais les plus rapides : la modernisation de la production et l'amélioration de sa qualité, la fourniture à des conditions identiques du charbon et de l'acier sur le marché français et sur le marché allemand, ainsi que sur ceux des pays adhérents, le développement de l'exportation commune vers les autres pays, l'égalisation dans le progrès des conditions de vie de la main-d'oeuvre de ces industries.

Pour atteindre ces objectifs à partir des conditions très disparates dans lesquelles sont placées actuellement les productions des pays adhérents, à titre transitoire, certaines dispositions devront être mises en oeuvre, comportant l'application d'un plan de production et d'investissements, l'institution de mécanismes de péréquation des prix, la création d'un fonds de reconversion facilitant la rationalisation de la production. La circulation du charbon et de l'acier entre les pays adhérents sera immédiatement affranchie de tout droit de douane et ne pourra être affectée par des tarifs de transport différentiels. Progressivement se dégageront les conditions assurant spontanément la répartition la plus rationnelle de la production au niveau de productivité le plus élevé.

A l'opposé d'un cartel international tendant à la répartition et à l'exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés, l'organisation projetée assurera la fusion des marchés et l'expansion de la production.

Les principes et les engagements essentiels ci-dessus définis feront l'objet d'un traité signé entre les Etats et soumis à la ratification des parlements. Les négociations indispensables pour préciser les mesures d'application seront poursuivies avec l'assistance d'un arbitre désigné d'un commun accord; celui-ci aura charge de veiller à ce que les accords soient conformes aux principes et, en cas d'opposition irréductible, fixera la solution qui sera adoptée.

La Haute Autorité commune chargée du fonctionnement de tout le régime sera composée de personnalités indépendantes désignées sur une base paritaire par les gouvernements; un président sera choisi d'un commun accord par les gouvernements; ses décisions seront exécutoires en France, en Allemagne et dans les autres pays adhérents. Des dispositions appropriées assureront les voies de recours nécessaires contre les décisions de la Haute Autorité.
Un représentant des Nations Unies auprès de cette autorité sera chargé de faire deux fois par an un rapport public à l'ONU, rendant compte du fonctionnement de l'organisme nouveau, notamment en ce qui concerne la sauvegarde de ses fins pacifiques.

L'institution de la Haute Autorité ne préjuge en rien du régime de propriété des entreprises. Dans l'exercice de sa mission, la Haute Autorité commune tiendra compte des pouvoirs conférés à l'Autorité internationale de la Ruhr et des obligations de toute nature imposées à l'Allemagne, tant que celles-ci subsisteront."
 
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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 17:15

Le 25 mars 1957 était signé le Traité de Rome qui allait permettre à l'Europe d'exister politiquement.

 

 

 

Cela va faire cinquante ans. Je m'étonne et malgré la campagne présidentielle, que l'on ne dise pas l'importance de cet acte fondateur.

Mais peut être que cette oeuvre de mémoire ne plairait pas à certains ! Ainsi on présente souvent de Gaulle comme un constructeur de l'Europe. Mais quand même n'est-ce pas mettre sous le boisseau le torpillage de la CED (Communauté européenne de défense)  en 1952  par l'ensemble des gaullistes, des communistes et de certains socialistes réunis  ? (comme quoi ce que peut reprocher le candidat de l'UMP critiquant l'association de ce qu'il nomme les contraires est bien curieux !)

Il aura fallu 5 ans pour arriver enfin à cet acte fondateur du Traité de Rome. J'aimerais vraiment que chacun puisse lire ce traité et découvrir que ce qui fut critiqué par les conservateurs de gauche et de droite s'y trouve déjà. Je ne peux admettre  que des personnalités aient, pour d'autres fins et en particulier leur seule stratégie personnelle, laisser interpréter comme ils l'ont fait, le TCE (Traité portant Constitution sur l'Europe) et faire en sorte que le non l'emporte.

J'en veux aussi, même s'il a présenté une sorte de mea culpa, au président de la France de ne pas s'être engagé vraiment dans cette campagne du Oui au TCE. Mais finalement n'était-il alors et seulement qu'un héritier : celui du gaullisme passé par le RPR et l'UMP.

Je n'arrive pas à comprendre s'agissant de cette question essentielle comment la candidate du PS pourra agir  en ayant autour d'elle des partisans du oui et des militants du non  (Chevènement, Mélenchon, Fabius pour ne citer que l'essentiel d'entre eux ?). L'avons-nous à ce sujet entendu, évoquer sa propre vision et quels moyens elle compte se donner pour arrimer à nouveau la France à l'Union européenne et non à une simple communauté économique ? Dire qu'il faut que l'europe soit solidaire suffit-il à éteindre toute interrogation ? Je mesure la faiblesse de son argumentaire quand le poing serré elle déclame son ambition d'une europe solidaire. Que n'a t-elle rappelé ce que Robert Schumann disait déjà le 9 mai 1950?

" L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait."

J'ai toujours estimé et le parti du Centre aussi  qu'il nous fallait d'abord approfondir avant d'élargir. Qui a permis lors du Traité d'Amsterdam de modifier l'ordre établi par le Traité de Maastricht ?  Qui a permis lors du Traité de Nice de provoquer sans l'approfondissement nécessaire l'élargissement confinant l'Europe à une vaste zone de libre échange économique ?  Chirac et Jospin ! Oui Chirac et Jospin représentant l'UMP et le PS. J'ai surtout remarqué le silence satisfait des pourfendeurs du Traité de Maastricht (Seguin et Chevènement entre autres). Il n'y avait plus lieu de s'opposer à cette Europe de Maastricht dite fédérale, cette europe de citoyens ayant à coeur de partager un destin commun, soucieux de mettre en oeuvre la solidarité entre tous en s'en  donnant des moyens fiables et non en se gargarisant de mots. Nous sommes en 2007 ! Cette europe balbutiante, à 6 puis à 9, puis à 12 et à 15 et aujourd'hui à 27, mérite t-elle de simples mots dont on veut faire croire à une portée universelle?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment reconstruire ce qui a été gâché par ceux qui ont menti en 2005 (les soi-disant alter et  anti libéraux comme Besancenot, Bové et Buffet qui à dessein n'ont pas dit que cette concurrence libre et non faussée tant décriée est partie intégrante du Traité de Rome de 1957), par ceux qui ont fait croire à l'existence d'un plan de secours (Fabius dont je crois que son seul argument était de se positionner pour 2007),  par ceux qui n'ont pas tout fait pour faire gagner le oui (la majorité de ceux qui ne pouvant faire autrement se disent européens)?

Je me souviens que seuls Bayrou avec  l'UDF et  Daniel Cohn Bendit ignoré et méprisé des Verts issus notamment de l'ex alternative rouge et verte : Mamère et consorts, ont mis leur énergie au service du Oui.

Il nous faut une vraie détermination, un réel enthousiasme pour refonder cette europe en panne, comme Schumann et Monnet ont su le faire, quand après que les conservateurs "gaullistes et communistes" réunis aient rejeté la CED, ils ont su associer les compétences des "progressistes" sur ce projet pour aboutir à cet acte majeur qu'est le traité de Rome.

Je m'étonne qu'aujourd'hui alors que la France peut s'enorgueillir d'avoir eu en son sein les pères fondateurs de l'Europe, personne ne dise rien, ne fasse pas une publicité forte sur cet anniversaire !

Quelle signification donner à ces silences, à ces absences, alors que dans l'Union Européenne, cela est sujet à promotion, notamment en Allemagne ?

Il sera mis sous frappe une pièce de deux euros commémorative de l'évènement et un logo a été créé.

Pour les centristes me direz-vous, cela est facile, puisque les centristes s'étant toujours réclamés tant de Jean Monnet que de Robert Schumann, ils savent en parler à coeur et sans détour.

C'est pourquoi ce qui m'importe  dans le débat actuel, est de savoir quelles sont les options  du candidat de l'UMP et de la candidate du PS, s'agissant de l'Union Européenne ? Pourquoi n'en disent-ils pas un mot ? Pourquoi manient-ils si habilement le demi-mot, la permission des interprétations afin que chacun de leurs électeurs potentiels croient ce qu'ils veulent bien comprendre ? Pourquoi ne savent-ils pratiquer, avec brio il faut en convenir, que l'art du non dit ou du laisser croire ? Pour mieux berner le citoyen ? Est-ce possible ?

La démocratie n'exige - t - elle pas  la vérité et la justesse des mots afin que chacun puisse comprendre ce qui est proposé ? C'est ce que Bayrou ose faire !

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17 mars 2007 6 17 /03 /mars /2007 19:59

J'ai 49 ans et je dois dire que mes premiers souvenirs de la chose politique remontent à 1965. Et oui, j'avais 8 ans ! Mais il y a des situations qui marquent les mémoires et l'élection de 1965 m'a profondément marqué. La France semblait douce et paisible. Qui pouvait imaginer que trois ans après allaient avoir lieu les évènements de Mai ? Je me souviens très bien de cette couverture de l'Express sur laquelle le Kennedy français figurait : Jean Lecanuet. Je me souviens aussi de la stupéfaction de mes parents qui étaient profondément gaullistes, mais je le crois simplement attachés au de Gaulle de l'Histoire. Et pourtant, me disais-je déjà qu'il fallait combattre l’habitude, le confort de l’habitude, le confort de ceux qu’on a déjà vu. Je me souviens de ce décalage d’image entre des candidats d’un autre siècle et le candidat du Centre. Je crois aussi que c’est à cause de ce décalage flagrant que je me suis toujours forcé à ne pas me laisser guider par l’apparence et qu’au-delà du sourire éclatant de Lecanuet, il devait y avoir autre chose. Et c’est sans doute au travers de cet exemplaire de l’Express que j’ai lu pour la première fois un article dit politique.

En 1974, à nouveau le modernisme réapparaissait avec la silhouette décontractée de VGE. Je me souviens bien de sa manière de dire les choses sans faux semblant, sa volonté de rassembler sur des objectifs, sa volonté de décrisper la France et de faire en sorte que chacun s'épanouisse quelque soit sa condition sociale ou son origine.

Un jour on osera le dire bien fort, le septennat de Giscard aura été un grand septennat. Sept ans durant lesquels la solidarité a pris du sens (comment ne pas se rappeler ces lois sur la solidarité nécessaire aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux femmes (contraception, IVG, volonté d’égalité des droits entre les sexes), ces lois dans la prise en charge de la maladie et des accidents liés au travail par l'association des ayants-droit. Sept ans durant lesquels la mise en œuvre de la modernité (transport, télécommunication..) a eu lieu. Sept ans durant lesquels l’Europe a vu un jour cohérent et efficace en passant de la simple communauté économique à ce qui allait devenir l’Union tant voulue par les pères fondateurs que furent Schumann et Monnet. Je pense que tout ce qui a suivi n'a pu l'être que parce que VGE avait ouvert le chemin. Et il faudra bien un jour lui rendre cette justice.

J'ai toujours eu à coeur l'Autre. Je n'ai jamais aimé le profit.

En 76 j'ai commencé mes études de médecine à Lyon. La médecine ne peut être pour moi qu'un accompagnement de celui qui souffre durant une certaine période de vie. C'est pour cela que je suis devenu généraliste. Dois je le regretter vu la façon dont nous sommes traités ? Un jour viendra où on définira avec justesse le rôle et les missions du généraliste. Mais c'est un autre débat.

Au cours de ces études nous avions entre étudiants de grandes et belles discussions, refaisant le monde. Je savais que je ne pouvais pas être gauchiste, ni communiste (comment accepter ces thèses dites révolutionnaires alors que seules la dictature et l’oppression des peuples n’étaient que leur résultante objective ?) mais je savais aussi que je ne pouvais être de droite, de cette droite conservatrice et libérale, de cette droite permettant avec tant de facilité l’enrichissement de quelques uns au dépens d’autres, de cette droite refusant l’émancipation des autres, de ceux qui sont faibles et dont à dessein est gommé l’esprit critique.

Où me situais-je donc ?

C’est vers cette époque que j’ai fréquenté de nombreuses réunions animées soit par des jeunes rocardiens, soit par des jeunes "grünen" mais aussi par des jeunes issus du centre et notamment ceux qui sous ce drôle de nom de «jeunes barristes» s’étaient regroupés pour soutenir Raymond Barre nouvellement élu député du Rhône. Je me retrouvais en phase avec nombre d’idées tant des uns que des autres et surtout il y avait cette mesure et cette volonté du respect de chacun. Je n’ai, par contre, pas souvent participé à des réunions animées par les jeunes gaullistes ou les jeunes « républicains » plutôt libéraux. Rien à dire vrai ne me rapprochait d’eux.
C'est vers cette époque que j'ai découvert Emmanuel Mounier et Marc Sangnier. Et je dois dire que cette idée du personnalisme communautaire, cet idéal d’aider et de permettre, à celui qui ne peut à une période de sa vie, de retrouver le groupe commun, en lui tendant la main, cette volonté d’une Europe fédérale ne m’ont alors jamais quitté. Cela passait par une mise en œuvre d’objectifs clairs et non plus de mesures ponctuelles. C’est ainsi que j’ai commencé à faire la différence entre la notion du programme et du projet ou comme le disait si joliment François Mitterrand le « dessein ».

Pourtant dans ces réunions, notamment avec ceux du PS ou des écolos il y avait quelque chose qui m'irritait profondément. C'était l'ostracisme véhément que l'on marquait à l'égard de celui qui s'éloignait de la ligne fixée par le « parti ». Il fallait selon eux se déterminer soit à gauche, soit à droite. Et forcément celui qui n’était pas de leur camp ne pouvait être fréquentable. Je regardais avec quelque sympathie ces jeunes rocardiens qui serraient leur poing dans la poche mais qui n’osaient se rebeller devant la « ligne ». Je me rappelle aussi que cela était d’autant plus difficile pour eux que Rocard s’était vertement fait remettre dans le rang en 1980 en osant commettre le sacrilège, traitant Mitterrand et le PS d’archaïques.

Mais enfin qu'est-ce que la gauche ? Et qu'est-ce que la droite ?
Pour répondre à mes interrogations, un ami de gauche me donna cette astuce sous forme de question.
Est-ce le social qui sous-tend l’économie ou est-ce que c’est l’économie qui sous-tend le social ?
Mais quand même ne peut-on pas concilier ces deux entités fondamentales et définir une « social-économie » ? C'est ce à quoi je crois !

Et puis il y avait cette Europe qui se construisait. En 79 ont eu lieu les élections au Parlement européen. C'étaient les premières élections européennes et c'est aussi la première fois que j'allais voter. Il faut bien se rappeler que cela marqua la différence constante entre ceux attachés à une Union et ceux qui n'y voyaient qu'un simple marché commun. La modernité impliquait à mon sens de s'engager vers cette voie fédérale. Je continue d'y croire. Je constatais au travers de cette campagne de 79 les profondes divergences entre les progressistes et les conservateurs. La ligne de partage était claire. On retrouvait aussi bien dans les partis de droite et notamment le RPR mené par Chirac que dans des partis de gauche comme le PC et l'aile dite gauche du PS, ce conservatisme et cette défiance à l'égard du vivre ensemble européen. C'est à cette époque que j'ai mesuré l'intérêt de donner un sens à l'Europe et espérer qu'un jour au delà des nations qui la composent les listes se fassent sur des projets associant alors des candidats issus de chacun des différents pays. Est-ce que cela viendra un jour ? Je me rappelle aussi cette expression assassine du président du RPR critiquant VGE et Simone Veil au travers de l'appel de Cochin : "le parti de l'étranger" !

Je ne me suis jamais senti en phase avec cette droite là !

Quant au PS, comment pouvait-il oublier si vite sa différenciation avec les idées staliniennes du PCF ? C'est ainsi que j'ai compris l'intérêt du politique à ne pas tout dire, à jouer des mots afin que chacun puisse se gargariser d'interprétation. Qui a oublié le Programme commun ? Qui a oublié les errances des gouvernements Mauroy après la liesse survenue au lendemain du 10 mai 1981 ? Qui a oublié aussi les critiques fortes du PS à l’égard de Jacques Delors quand il s’exprimait librement sur sa pensée profonde tant politique, économique et européenne, n'éprouvant pas de regret quant à sa collaboration active à la Nouvelle Société de Chaban -Delmas ?

Autour le monde bougeait et la France ne pouvait en prendre la mesure tant elle restait les yeux rivés sur son propre nombril.

Alors oui que représentait la Gauche ? Que représentait la Droite ? Etait-il possible de rassembler pour une ambition commune des gens issus de parcours différents et dont le seul souci était de mettre au pot leurs compétences pour améliorer la vie de chacun d'entre nous ?

Au travers de mes lectures, de mes réunions bien éclectiques, de mon parcours d'étudiant au lit du souffrant, de mes agacements constatant que certains tant de la presse que des dirigeants confisquaient le pouvoir citoyen de la critique, je me suis alors engagé. C'était en 1988. Je devenais un militant du Centre incarné par le CDS , le Centre des Démocrates Sociaux fondé par Jean Lecanuet, celui là même qui m'avait marqué en 1965 ! Ce parti conciliait mieux que n’importe lequel ces idées du personnalisme communautaire, cette volonté d’union européenne, ce respect de l’Autre, cette volonté de la solidarité et de la modernité. Dans son intitulé figurait comme des étoiles les mots "Démocratie" et "Social".
Je n'ai jamais eu la moindre ambition en terme de strapontin, de siège ou de fauteuil. Je ne suis pas non plus un héritier de je ne sais quelle puissance ou pouvoir. Non ! Mais  j'ai toujours aimé discuter, argumenter. J'ai toujours estimé l'autre comme étant égal à moi-même et il me fait mal quand j'entends encore aujourd'hui des aspirant(e)s à l'élection suprême ne pas tout dire, laisser croire et jouer sur la simple sensibilité ou l'habitude. Il me fait mal quand j’entends telle ou tel essayer de récupérer des voix en flattant les différences. Je suis moi – même d’une catégorie visible par sa couleur, par l’histoire de ma famille issu d’un ancien comptoir français que d'aucuns nomment avec mépris ou compassion "les colonisés". Dans cet esprit je n’ai jamais cessé de réclamer l’indifférence malgré toute la différence visible. Seul doit importer à mon sens ce que l’on peut apporter comme compétence et qualité au bien commun qu’est la France. Oublier cela, cette évidence républicaine au sens strict du mot, c’est permettre que se dressent des ghettos, des communautés animées par leur seul désir de pouvoir. Qui va dire cela ? Qui va cesser de flatter ces petits intérêts personnels qui ne font qu’opposer un camp contre l’autre ?

C'est cela que je veux dénoncer. Nous ne sommes plus au Moyen Age où ceux qui savaient pouvaient imposer leurs vues en confisquant au peuple sa capacité de réflexion, sa capacité à exercer son sens critique, en leur faisant la lecture ou en écrivant à leur place.

Comment admettre en effet que la candidate du PS ne veuille pas tout dire de ce qu'elle croit, ne veuille éclairer de ce qu'elle fera, confondant volontairement projet et programme, jouant en particulier sur les chiffres éludant le fait de savoir s’il s’agit de brut ou de net, ne veuille donner son point de vue sur la capacité de la France à garder son rôle de moteur dans l'Union Européenne et de dire clairement comment elle permettra aux conservateurs de son camp, «les
nonistes» : de sacrés menteurs quand dans leur arguments ils brandissaient le spectre de la concurrence libre et non faussée qui figure pourtant dans le Traité de Rome de 1957, rappelé dans le Traité de Maastricht de 1992, et aux progressistes de son camp «les ouistes» de relancer notre Europe en panne après le coup fatal du référendum de 2005 ? Il est intéressant à cet égard de relire cet article.

Comment admettre en effet que le candidat de l'UMP ne veuille pas tout dire sur cette même vision européenne, faire croire que tout sera possible mais quoi ? N’est-ce pas un gargarisme de ce que disait en son temps un illustre conservateur s’agissant des promesses qui n’engagent que celles et ceux qui les écoutent ? Où est le dessein pour notre pays ? Cela se résume  t-il seulement à asséner des vérités bien simples et qui ne mangent pas de pain ? Mais s’agissant de l’Europe, quelle est sa vision, quel est son engagement ? Veut-il poursuivre ce qui a commencé avec le traité portant sur l’Union européenne en 1992 ou alors diluer tout cela dans une vaste zone de libre-échange ? Et puis quelle est sa vision de la solidarité envers tous, envers cette classe moyenne qui supporte tout et qui aspire tout simplement à vivre sans crainte des lendemains, à faire des projets, à bénéficier aussi de ces améliorations dont elle ne fait que payer pour d’autres ?

Comment admettre en effet que ni l'un ni l'autre n'évoque les difficultés de cette drôle de classe moyenne qui subit et ne cesse de subir, qui est solidaire presque par non choix et qui ne reçoit rien en échange de ses efforts quotidiens et de ses euros versés?

Comment admettre en effet cette volonté tant de l'une que de l'autre, d'opposer selon son étiquette des personnes qui finalement dans leur vie de tous les jours travaillent ensemble pour le bien commun notamment dans leur exercice professionnel ou associatif.

Je me souviens ainsi que lorsque nous avions décidé sur Lyon de mettre en place un nouveau système de réponse à la garde médicale, il nous a bien fallu rassembler les gens de bonne volonté, les compétences d'où qu'elles soient situées, tant syndicalement que politiquement. Et bien cela a marché et depuis 2003, Lyon peut s'enorgueillir d'avoir quatre maisons médicales de garde qui ont à coeur de répondre au besoin public. Qui ose dire que cela fut une idée d’un camp contre l’autre ? Nous avons simplement œuvré pour le bien commun mais nous avons aussi gardé nos sensibilités.
Je suis certain que chacun d'entre nous dans son domaine, dans son activité quotidienne, dès lors qu'un projet enthousiasmant se dessine, tout en gardant sa sensibilité propre, en ne se reniant pas, peut et sait donner à «la cause» ce qu'il a de meilleur.
Pourquoi ce qui est possible dans notre vie quotidienne ne pourrait l'être pour notre pays ?

Et bien, je crois que cela est l'essence même de la conviction de François Bayrou, dans ce qu’il propose aux citoyens de France au travers de sa candidature à l’élection présidentielle.

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