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PrÉSentation

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17 mars 2007 6 17 /03 /mars /2007 19:59

J'ai 49 ans et je dois dire que mes premiers souvenirs de la chose politique remontent à 1965. Et oui, j'avais 8 ans ! Mais il y a des situations qui marquent les mémoires et l'élection de 1965 m'a profondément marqué. La France semblait douce et paisible. Qui pouvait imaginer que trois ans après allaient avoir lieu les évènements de Mai ? Je me souviens très bien de cette couverture de l'Express sur laquelle le Kennedy français figurait : Jean Lecanuet. Je me souviens aussi de la stupéfaction de mes parents qui étaient profondément gaullistes, mais je le crois simplement attachés au de Gaulle de l'Histoire. Et pourtant, me disais-je déjà qu'il fallait combattre l’habitude, le confort de l’habitude, le confort de ceux qu’on a déjà vu. Je me souviens de ce décalage d’image entre des candidats d’un autre siècle et le candidat du Centre. Je crois aussi que c’est à cause de ce décalage flagrant que je me suis toujours forcé à ne pas me laisser guider par l’apparence et qu’au-delà du sourire éclatant de Lecanuet, il devait y avoir autre chose. Et c’est sans doute au travers de cet exemplaire de l’Express que j’ai lu pour la première fois un article dit politique.

En 1974, à nouveau le modernisme réapparaissait avec la silhouette décontractée de VGE. Je me souviens bien de sa manière de dire les choses sans faux semblant, sa volonté de rassembler sur des objectifs, sa volonté de décrisper la France et de faire en sorte que chacun s'épanouisse quelque soit sa condition sociale ou son origine.

Un jour on osera le dire bien fort, le septennat de Giscard aura été un grand septennat. Sept ans durant lesquels la solidarité a pris du sens (comment ne pas se rappeler ces lois sur la solidarité nécessaire aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux femmes (contraception, IVG, volonté d’égalité des droits entre les sexes), ces lois dans la prise en charge de la maladie et des accidents liés au travail par l'association des ayants-droit. Sept ans durant lesquels la mise en œuvre de la modernité (transport, télécommunication..) a eu lieu. Sept ans durant lesquels l’Europe a vu un jour cohérent et efficace en passant de la simple communauté économique à ce qui allait devenir l’Union tant voulue par les pères fondateurs que furent Schumann et Monnet. Je pense que tout ce qui a suivi n'a pu l'être que parce que VGE avait ouvert le chemin. Et il faudra bien un jour lui rendre cette justice.

J'ai toujours eu à coeur l'Autre. Je n'ai jamais aimé le profit.

En 76 j'ai commencé mes études de médecine à Lyon. La médecine ne peut être pour moi qu'un accompagnement de celui qui souffre durant une certaine période de vie. C'est pour cela que je suis devenu généraliste. Dois je le regretter vu la façon dont nous sommes traités ? Un jour viendra où on définira avec justesse le rôle et les missions du généraliste. Mais c'est un autre débat.

Au cours de ces études nous avions entre étudiants de grandes et belles discussions, refaisant le monde. Je savais que je ne pouvais pas être gauchiste, ni communiste (comment accepter ces thèses dites révolutionnaires alors que seules la dictature et l’oppression des peuples n’étaient que leur résultante objective ?) mais je savais aussi que je ne pouvais être de droite, de cette droite conservatrice et libérale, de cette droite permettant avec tant de facilité l’enrichissement de quelques uns au dépens d’autres, de cette droite refusant l’émancipation des autres, de ceux qui sont faibles et dont à dessein est gommé l’esprit critique.

Où me situais-je donc ?

C’est vers cette époque que j’ai fréquenté de nombreuses réunions animées soit par des jeunes rocardiens, soit par des jeunes "grünen" mais aussi par des jeunes issus du centre et notamment ceux qui sous ce drôle de nom de «jeunes barristes» s’étaient regroupés pour soutenir Raymond Barre nouvellement élu député du Rhône. Je me retrouvais en phase avec nombre d’idées tant des uns que des autres et surtout il y avait cette mesure et cette volonté du respect de chacun. Je n’ai, par contre, pas souvent participé à des réunions animées par les jeunes gaullistes ou les jeunes « républicains » plutôt libéraux. Rien à dire vrai ne me rapprochait d’eux.
C'est vers cette époque que j'ai découvert Emmanuel Mounier et Marc Sangnier. Et je dois dire que cette idée du personnalisme communautaire, cet idéal d’aider et de permettre, à celui qui ne peut à une période de sa vie, de retrouver le groupe commun, en lui tendant la main, cette volonté d’une Europe fédérale ne m’ont alors jamais quitté. Cela passait par une mise en œuvre d’objectifs clairs et non plus de mesures ponctuelles. C’est ainsi que j’ai commencé à faire la différence entre la notion du programme et du projet ou comme le disait si joliment François Mitterrand le « dessein ».

Pourtant dans ces réunions, notamment avec ceux du PS ou des écolos il y avait quelque chose qui m'irritait profondément. C'était l'ostracisme véhément que l'on marquait à l'égard de celui qui s'éloignait de la ligne fixée par le « parti ». Il fallait selon eux se déterminer soit à gauche, soit à droite. Et forcément celui qui n’était pas de leur camp ne pouvait être fréquentable. Je regardais avec quelque sympathie ces jeunes rocardiens qui serraient leur poing dans la poche mais qui n’osaient se rebeller devant la « ligne ». Je me rappelle aussi que cela était d’autant plus difficile pour eux que Rocard s’était vertement fait remettre dans le rang en 1980 en osant commettre le sacrilège, traitant Mitterrand et le PS d’archaïques.

Mais enfin qu'est-ce que la gauche ? Et qu'est-ce que la droite ?
Pour répondre à mes interrogations, un ami de gauche me donna cette astuce sous forme de question.
Est-ce le social qui sous-tend l’économie ou est-ce que c’est l’économie qui sous-tend le social ?
Mais quand même ne peut-on pas concilier ces deux entités fondamentales et définir une « social-économie » ? C'est ce à quoi je crois !

Et puis il y avait cette Europe qui se construisait. En 79 ont eu lieu les élections au Parlement européen. C'étaient les premières élections européennes et c'est aussi la première fois que j'allais voter. Il faut bien se rappeler que cela marqua la différence constante entre ceux attachés à une Union et ceux qui n'y voyaient qu'un simple marché commun. La modernité impliquait à mon sens de s'engager vers cette voie fédérale. Je continue d'y croire. Je constatais au travers de cette campagne de 79 les profondes divergences entre les progressistes et les conservateurs. La ligne de partage était claire. On retrouvait aussi bien dans les partis de droite et notamment le RPR mené par Chirac que dans des partis de gauche comme le PC et l'aile dite gauche du PS, ce conservatisme et cette défiance à l'égard du vivre ensemble européen. C'est à cette époque que j'ai mesuré l'intérêt de donner un sens à l'Europe et espérer qu'un jour au delà des nations qui la composent les listes se fassent sur des projets associant alors des candidats issus de chacun des différents pays. Est-ce que cela viendra un jour ? Je me rappelle aussi cette expression assassine du président du RPR critiquant VGE et Simone Veil au travers de l'appel de Cochin : "le parti de l'étranger" !

Je ne me suis jamais senti en phase avec cette droite là !

Quant au PS, comment pouvait-il oublier si vite sa différenciation avec les idées staliniennes du PCF ? C'est ainsi que j'ai compris l'intérêt du politique à ne pas tout dire, à jouer des mots afin que chacun puisse se gargariser d'interprétation. Qui a oublié le Programme commun ? Qui a oublié les errances des gouvernements Mauroy après la liesse survenue au lendemain du 10 mai 1981 ? Qui a oublié aussi les critiques fortes du PS à l’égard de Jacques Delors quand il s’exprimait librement sur sa pensée profonde tant politique, économique et européenne, n'éprouvant pas de regret quant à sa collaboration active à la Nouvelle Société de Chaban -Delmas ?

Autour le monde bougeait et la France ne pouvait en prendre la mesure tant elle restait les yeux rivés sur son propre nombril.

Alors oui que représentait la Gauche ? Que représentait la Droite ? Etait-il possible de rassembler pour une ambition commune des gens issus de parcours différents et dont le seul souci était de mettre au pot leurs compétences pour améliorer la vie de chacun d'entre nous ?

Au travers de mes lectures, de mes réunions bien éclectiques, de mon parcours d'étudiant au lit du souffrant, de mes agacements constatant que certains tant de la presse que des dirigeants confisquaient le pouvoir citoyen de la critique, je me suis alors engagé. C'était en 1988. Je devenais un militant du Centre incarné par le CDS , le Centre des Démocrates Sociaux fondé par Jean Lecanuet, celui là même qui m'avait marqué en 1965 ! Ce parti conciliait mieux que n’importe lequel ces idées du personnalisme communautaire, cette volonté d’union européenne, ce respect de l’Autre, cette volonté de la solidarité et de la modernité. Dans son intitulé figurait comme des étoiles les mots "Démocratie" et "Social".
Je n'ai jamais eu la moindre ambition en terme de strapontin, de siège ou de fauteuil. Je ne suis pas non plus un héritier de je ne sais quelle puissance ou pouvoir. Non ! Mais  j'ai toujours aimé discuter, argumenter. J'ai toujours estimé l'autre comme étant égal à moi-même et il me fait mal quand j'entends encore aujourd'hui des aspirant(e)s à l'élection suprême ne pas tout dire, laisser croire et jouer sur la simple sensibilité ou l'habitude. Il me fait mal quand j’entends telle ou tel essayer de récupérer des voix en flattant les différences. Je suis moi – même d’une catégorie visible par sa couleur, par l’histoire de ma famille issu d’un ancien comptoir français que d'aucuns nomment avec mépris ou compassion "les colonisés". Dans cet esprit je n’ai jamais cessé de réclamer l’indifférence malgré toute la différence visible. Seul doit importer à mon sens ce que l’on peut apporter comme compétence et qualité au bien commun qu’est la France. Oublier cela, cette évidence républicaine au sens strict du mot, c’est permettre que se dressent des ghettos, des communautés animées par leur seul désir de pouvoir. Qui va dire cela ? Qui va cesser de flatter ces petits intérêts personnels qui ne font qu’opposer un camp contre l’autre ?

C'est cela que je veux dénoncer. Nous ne sommes plus au Moyen Age où ceux qui savaient pouvaient imposer leurs vues en confisquant au peuple sa capacité de réflexion, sa capacité à exercer son sens critique, en leur faisant la lecture ou en écrivant à leur place.

Comment admettre en effet que la candidate du PS ne veuille pas tout dire de ce qu'elle croit, ne veuille éclairer de ce qu'elle fera, confondant volontairement projet et programme, jouant en particulier sur les chiffres éludant le fait de savoir s’il s’agit de brut ou de net, ne veuille donner son point de vue sur la capacité de la France à garder son rôle de moteur dans l'Union Européenne et de dire clairement comment elle permettra aux conservateurs de son camp, «les
nonistes» : de sacrés menteurs quand dans leur arguments ils brandissaient le spectre de la concurrence libre et non faussée qui figure pourtant dans le Traité de Rome de 1957, rappelé dans le Traité de Maastricht de 1992, et aux progressistes de son camp «les ouistes» de relancer notre Europe en panne après le coup fatal du référendum de 2005 ? Il est intéressant à cet égard de relire cet article.

Comment admettre en effet que le candidat de l'UMP ne veuille pas tout dire sur cette même vision européenne, faire croire que tout sera possible mais quoi ? N’est-ce pas un gargarisme de ce que disait en son temps un illustre conservateur s’agissant des promesses qui n’engagent que celles et ceux qui les écoutent ? Où est le dessein pour notre pays ? Cela se résume  t-il seulement à asséner des vérités bien simples et qui ne mangent pas de pain ? Mais s’agissant de l’Europe, quelle est sa vision, quel est son engagement ? Veut-il poursuivre ce qui a commencé avec le traité portant sur l’Union européenne en 1992 ou alors diluer tout cela dans une vaste zone de libre-échange ? Et puis quelle est sa vision de la solidarité envers tous, envers cette classe moyenne qui supporte tout et qui aspire tout simplement à vivre sans crainte des lendemains, à faire des projets, à bénéficier aussi de ces améliorations dont elle ne fait que payer pour d’autres ?

Comment admettre en effet que ni l'un ni l'autre n'évoque les difficultés de cette drôle de classe moyenne qui subit et ne cesse de subir, qui est solidaire presque par non choix et qui ne reçoit rien en échange de ses efforts quotidiens et de ses euros versés?

Comment admettre en effet cette volonté tant de l'une que de l'autre, d'opposer selon son étiquette des personnes qui finalement dans leur vie de tous les jours travaillent ensemble pour le bien commun notamment dans leur exercice professionnel ou associatif.

Je me souviens ainsi que lorsque nous avions décidé sur Lyon de mettre en place un nouveau système de réponse à la garde médicale, il nous a bien fallu rassembler les gens de bonne volonté, les compétences d'où qu'elles soient situées, tant syndicalement que politiquement. Et bien cela a marché et depuis 2003, Lyon peut s'enorgueillir d'avoir quatre maisons médicales de garde qui ont à coeur de répondre au besoin public. Qui ose dire que cela fut une idée d’un camp contre l’autre ? Nous avons simplement œuvré pour le bien commun mais nous avons aussi gardé nos sensibilités.
Je suis certain que chacun d'entre nous dans son domaine, dans son activité quotidienne, dès lors qu'un projet enthousiasmant se dessine, tout en gardant sa sensibilité propre, en ne se reniant pas, peut et sait donner à «la cause» ce qu'il a de meilleur.
Pourquoi ce qui est possible dans notre vie quotidienne ne pourrait l'être pour notre pays ?

Et bien, je crois que cela est l'essence même de la conviction de François Bayrou, dans ce qu’il propose aux citoyens de France au travers de sa candidature à l’élection présidentielle.

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